Il y a mille façons d’entraîner les élèves à la production orale, l’objectif étant de développer leur autonomie dans ce domaine. J’essaie de les y entraîner très régulièrement dès la 6ème par les rituels mis en place ainsi qu’à travers certaines activités ou tâches finales tout au long de l’année.
Aujourd’hui, avec un outil comme l’ENT, il est devenu beaucoup plus simple d’évaluer régulièrement les élèves à l’oral puisqu’ils peuvent maintenant s’enregistrer pour rendre leur devoir. Les entraînements ont donc plus de sens pour les élèves et je les sens plus motivés. (Pour retrouver l’ensemble des tâches orales évaluées que je propose aux élèves, consulter mes progressions annuelles dans la rubrique anglais).
Pour aborder le thème de ce Blog Hop, j’ai choisi de vous partager et de détailler une activité qui fonctionne bien pour entraîner à la POC: un système à base de cartes. J’en utilise très souvent dans la plupart de mes séquences.
Dans ma séquence de 3e : Back from Canada! (Inspirée de E for English 4e édition 2012) l’un des objectifs principal est justement la POC. J’aime faire voyager les élèves à travers les séquences et celle-ci plaît beaucoup. En tâche finale, je leur propose de m’envoyer un enregistrement à la manière d’un vlog de voyage pour raconter leur séjour fictif.
Après avoir travaillé les aspects culturels et linguistiques, je leur propose une séance d’entraînement à la production orale où je les mets en situation: ils ont chacun une carte comprenant les informations sur leur séjour et ils doivent en faire part à leurs camarades.
Phase de préparation
Le cours précédent (de préférence), je termine la séance en proposant ce qui sera un exemple de production. Les élèves produisent à l’oral à partir d’une des cartes projetée au tableau et je note leur premier jet souvent d’un niveau A2 assez basique, puis je les amène à trouver dans leur cahier le vocabulaire et les structures travaillées pour enrichir cette production dont on va noter la trace écrite :
Cette leçon mémorisée, il est plus facile pour les élèves de produire en transférant les structures et le vocabulaire dans une autre situation.
Différenciation: mettre en confiance
Je procède à la distribution des cartes. Les élèves choisissent le niveau de difficulté qui leur convient. Parler devant la classe met les élèves mal à l’aise surtout s’ils sont timides et/ou en difficulté. Différencier les supports me permet de les mettre en confiance.
Les cartes de couleur verte sont adaptées aux élèves les plus en difficulté car elles reprennent le schéma des leçons déjà travaillées. Les cartes de couleur bleue permettent de réaliser des productions un peu plus développées tout en gardant une béquille: les verbes sont indiqués. Les cartes oranges vont demander aux élèves un niveau de maîtrise plus important tandis que les cartes rouges contiennent des images et nécessitent déjà une bonne maîtrise du vocabulaire.
Je les encourage à se mettre dans la peau d’un personnage qui raconte son séjour là-bas, à faire “comme pour de vrai” et ça semble leur plaire. Bien entendu, s’ils le souhaitent et s’ils sont à l’aise, ils peuvent rajouter d’autres informations.
Puis, je laisse deux minutes aux élèves pour prendre connaissance de leur carte, mettre le nez dans leur cahier pour les plus en difficulté, mais ils n’ont pas le droit d’écrire! L’idée c’est de les entraîner à mobiliser le vocabulaire et les structures le plus spontanément possible.
Ensuite, les élèves racontent chacun leur séjour. Le reste de la classe aide les élèves en cas de problème ou sont sollicités pour aider à enrichir les productions. Je propose toujours aux volontaires de commencer. Cette phase prend du temps, mais je trouve les élèves toujours très attentifs car le contenu des différents séjours les intéressent et même les plus faibles se sentent en confiance et ont envie de raconter le leur.
Les productions attendues ne sont pas si longues, ce qui permet d’écouter un grand nombre d’élèves lors de cette phase. Ce jour là les élèves n’oublient pas d’aller vérifier la fiche de participation à la fin du cours, car ils auront tous pris la parole pour faire plusieurs phrases. (Plus de détails sur cette fiche de participation dans cet article).
Pour terminer l’entraînement, je garde quelques minutes pour continuer l’activité en groupes de quatre pour que l’ensemble des élèves aient eu l’occasion de s’exprimer notamment les plus timides. Cela me permet de passer voir certains élèves que je sens moins à l’aise pour pouvoir les aider.
Proposer ensuite moins de guidage
Lorsqu’arrive la tâche finale, je les emmène en salle informatique, ils se mettent par deux et piochent une destination au Canada. Ils doivent imaginer qu’ils ont réalisé un séjour là-bas ensemble. Je leur laisse une dizaine de minutes pour visionner une vidéo sur cette destination (de cette manière j’essaye de leur donner l’impression d’en faire eux-mêmes l’expérience). Il peuvent prendre des notes à ce stade, mais n’ont pas le droit d’écrire de phrases. Ils choisissent dans la vidéo les expériences qui leur plaisent pour imaginer “leur propre séjour”.
Support Genial.ly pour cette activité et critères d’évaluation de la tâche finale
Puis de retour à leur table, ils ont encore 5 minutes d’entraînement à deux pour s’entraîner à raconter ce séjour avant de le raconter à la classe. Cela me permet de leur donner des pistes pour améliorer leurs productions en vue de la production finale.
Le cours suivant est dédié à l’enrichissement de cette production ainsi qu’à l’entraînement à l’intonation et à la prononciation du lexique. C’est une séance bruyante, mais productive.
Tâche Finale
Lorsque j’ai expérimenté cette tâche finale les premières fois, je leur proposais une séance supplémentaire pour s’enregistrer en classe, mais aujourd’hui je ne le fais plus : les élèves préfèrent majoritairement s’enregistrer chez eux, et les productions sont donc de meilleure qualité car ils prennent le temps de se réécouter et de s’améliorer jusqu’à ce qu’ils soient satisfaits.
D’autres en profitent pour exploiter le côté créatif du format proposé – le Vlog – et utilisent leurs talents audio-visuels. C’est justement l’occasion de découvrir certains élèves effacés qui s’éclatent à jouer les youtubeurs! J’ai déjà reçu quelques pépites d’élèves dont je ne connaissais pas vraiment la voix depuis le début de l’année!
Je choisis d’ancrer la production finale dans une situation de communication précise: Vous revenez d’un séjour au Canada, vous racontez votre séjour dans un vlog. Cette tâche leur donne l’occasion de fournir un travail créatif et motivant, leur donnant la possibilité d’enrichir lexicalement et phonologiquement leur production ce qui me semble pertinent à ce stade de l’année.
Utiliser ces cartes autrement
- En rituel de début de cours pour réactiver ce qui a été travaillé dans cette séquence plus tard dans l’année. Un bon moyen de poursuivre l’entraînement en POC.
- Pour entraîner à la production orale en interaction, après avoir travaillé la forme interrogative.
- En entraînement à la PE aussi, pourquoi pas.
- Pour évaluer la POC, et ainsi évaluer leur capacité à transférer le vocabulaire et les structures de la séquence à l’oral.
Télécharger les cartes
La page 4 est à imprimer au dos des pages 1 et 2 et la page 5 au dos de la page 3. Il n’y a plus qu’à plastifier pour un joli rendu!
Polices de caractères utilisées : CoopForged / Avocado
Vous pouvez télécharger et utiliser ce document en classe mais si vous le rediffusez quelque part je vous remercie de citer le blog.
Comment récupérer les fichiers audios et vidéos des élèves?
Je réponds très concrètement à la question dans l’article suivant : Récupérer les enregistrements des élèves.
Blog Hop
Pour plus d’idées sur comment travailler la Production Orale en Continu avec vos élèves, je vous encourage à aller découvrir les articles des collègues sur le même sujet :
Wow! So inspiring!
Merci pour ce partage très généreux et surtout tes explications très détaillées qui permettent de bien visualiser l’exploitation faite. Ça donne envie d’essayer 👍🏻
Merci beaucoup! Il n’y a plus qu’à tester pour se faire une idée!
Beaucoup d’idées ici ! Merci du partage. Je suis aussi allée voir l’article sur la participation orale, j’avoue que même après toutes ces années, je ne sais toujours pas comment la prendre en compte de manière objective / équitable… Cheerio !
Merci pour ton commentaire Nancy! En effet, j’ai renoncé à entreprendre une manière “objective” d’évaluer les prises de parole depuis longtemps. Cela dit, les élèves adhèrent au système que je leur propose, et je n’ai pas eu de contestations depuis que je l’ai mis en place. Le tout est surement de trouver un système qui nous convient et que l’on peut porter auprès de ses élèves. 😉
Fabulous! j’ai bien envie d’emprunter ces idées pour mes 3LCEU un peu mous et très (trop) silencieux sur l’Australie que je suis en train de traiter en ce moment… ils sont 20 et je dois trouver suffisamment de ressources sur chaque territoire pour les faire travailler à 2… je vais m’y atteler!
very inspiring and awesome.
Merci.
Merci pour ton commentaire! 🙂 Je veux bien que tu me fasses un retour quand tu l’aura testé! 😉
Bonjour Claire et merci pour ces idées lumineuses ☺️
Est-ce que les élèves choisissent leur niveau/couleur de carte ou bien tu les attribues ? J’avoue ne pas m’être assez formée à la différenciation pédagogique 🙄🫢
J’imagine utiliser le principe de tes cartes mais en demandant aux élèves de créer leurs propres cartes.
Je me dis que je pourrais alors demander aux élèves de créer leurs propres cartes en se posant au préalable les questions suivantes : qu’est-ce je maîtrise (lexique, structures) ? Qu’est ce que j’ai compris/mieux retenu ? Le professeur se réserve qd mm la possibilité d’ajouter sur la carte un challenge supplémentaire mais supplémentaire pour transmettre à l’élève l’idée qu’il est capable de faire plus.
Je me dis cependant que c’est chronophage sur le temps de la séquence et que bcp de mes élèves st pas assez autonomes. Mon idée me semble donc être un petit deuil/renoncement (de plus), pour moi en tt cas. Je veux dire qu’on ne peut pas tjs faire tt ce que l’on voudrait faire ou comment on aimerait le faire 😕 Il vaut mieux viser la réussite à la tâche orale que le développement de l’autonomie et de l’engagement ds ses propres progrès. Qu’en penses-tu ?
Merci de m’avoir lue ! 😅
Bon weekend 😊
Bonsoir Marie-Hélène et merci pour ton commentaire très intéressant.
Je fais choisir les couleurs de cartes par les élèves : je pense qu’un excellent moyen d’impliquer les élèves c’est justement de leur laisser un choix. J’ai pu le constater sur différentes activités, pas seulement avec les cartes.
J’aime beaucoup ton questionnement et ton idée qui vise à les impliquer encore davantage dans leur apprentissage. Pourquoi pas ? Tout dépend de tes élèves et de ce que tu cherches à développer chez eux.
Qu’est-ce qui te semble le plus pertinent à ce stade de l’année avec eux ? Où en es-tu dans ta séquence, as-tu déjà besoin de passer à la suite? Est-ce que cette compétence réflexive leur sera bénéfique pour la réalisation de la tâche et/ou pour la suite de l’année?
En tous cas, moi je dis que ça se tente si tu le sens! Comme ça, tu pourras te faire une idée concrète et faire évoluer cette pratique au fil des années. Peut-être peux-tu prévoir un backup si jamais ils ne s’impliquent pas comme tu le souhaiterais ? Il ne faudrait pas que ça soit un frein à la réalisation de la production orale pour les élèves qui ont du mal à faire cet exercice de réflexion sur leur propre apprentissage.
Tu me diras ce que tu as choisi de faire! 😉